Israël: à Nazareth, le vivre ensemble ente Israéliens juifs et Arabes malmené

Israël: à Nazareth, le vivre ensemble ente Israéliens juifs et Arabes malmené

RFI
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Bientôt cinq mois depuis le début de la guerre entre le Hamas palestinien et Israël. Alors que les combats se poursuivent dans la bande de Gaza, les efforts pour tenter d’arracher une trêve continuent. Et ce conflit risque de laisser des traces durables dans les relations entre Israéliens et Palestiniens jusqu’au sein même de la société israélienne. Dans la région de Nazareth dans le nord du pays, les contacts entre citoyens israéliens juifs et ceux d’origine palestinienne ont diminué depuis le début de la guerre.

De nos envoyés spéciaux dans la région,

Karmel Ohayon vit sur les hauteurs de Nazareth, à Nof Hagalil. Mais pour cette jeune israélienne juive, les contacts avec ses voisins arabes sont limités : « Il nous arrive d’y aller de temps en temps pour manger des shawarmas. Mais pas souvent. Ma famille est assez protectrice. Et ils ne prennent que des chemins qu’ils connaissent parce que ça peut être effrayant parfois. » Pourtant, à Nazareth, ville exclusivement arabe, nombreux sont ceux qui – comme Widad Abu Hannah – jugent que les deux localités ont des liens forts. « Nous sommes toujours ensemble. Dans tous les magasins de Nazareth et de Nof HaGalil il y a des juifs et des Arabes. Il n’y a qu’une rue qui sépare nos deux villes. »

Nazareth, ville touristique, n’attirait pas que ses voisins. Les visiteurs venaient de l’étranger, mais aussi de tout le pays, souligne Samir Ighbariya. La guerre a toutefois changé la donne, regrette ce commerçant de Nazareth : « La situation était très calme. Et on avait des échanges. Le samedi, il y avait beaucoup de touristes qui venaient chez nous : du centre, de Tel-Aviv, de ses banlieues, d’Ashdod. Mais à partir du début de la guerre, c’est devenu vraiment très effrayant. »

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La paix, le rêve partagé des deux cotés

Et l’avenir reste porteur d’inquiétudes. La fin des combats signifiera-t-elle la paix et permettra-t-elle de panser les plaies ? Karmel Ohayon n’en est pas convaincue : « D’abord, je le souhaite bien sûr. Mais je ne pense pas que ce soit réaliste. Nous avons besoin de le vouloir plus, mais je ne sais pas si c’est encore quelque chose de possible de la part des deux côtés. Il s’est passé tellement de choses et il y a beaucoup de haine. »

Eran, quadragénaire natif de Nof HaGalil, se veut lui plus optimiste. Les craintes du moment sont temporaires, juge-t-il. Et il veut croire que sa région puisse servir de modèle au pays : « Tout le monde se respecte. Vous n’avez pas à aimer les gens. Mais personne ne va partir. Ni nous, les juifs israéliens, ni les Arabes. Alors pourquoi nous battre ? Je pense que la Galilée et spécialement Nazareth est un bon modèle de paix. »

Le rêve de paix est partagé dans toutes les communautés, témoigne Karine, une jeune Arabe israélienne : « J’aimerais bien avoir plus d’échanges avec les juifs, avoir la paix. C’est vraiment difficile pour tous les gens, en Israël, en Palestine. La paix, c’est ce dont on a besoin. »

Mais les contacts actuels entre les deux communautés sont avant tout économiques. La jeune femme travaille pour le moment dans un restaurant et ne côtoie des juifs que dans son travail. Et elle qui veut reprendre des études ne voit pas quelle pourrait être sa place dans la société israélienne. La jeune femme envisage sa vie à l’étranger. Quant à l’avenir de son pays : « Je ne sais pas, c’est trop difficile de savoir. »

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